Le discours de haine peut prendre de nombreuses formes, il est donc important de connaître les différentes situations dans lesquelles une expression en particulier peut être considérée comme un discours de haine.
Formes de haine exprimées en privé
Il ne faut pas se faire d'illusions : les expressions contenant de la haine et des propos offensants à l'égard de certaines personnes et de certains groupes sont monnaie courante dans la sphère privée. En raison de leur attitude généralement négative à l'égard de ces personnes (groupes), certaines personnes ont tendance à exprimer leurs opinions de manière dure et offensante dans leur communication privée.
exemple Deux copains partagent plusieurs blagues racistes en jouant à des jeux vidéo.
Cette communication privée peut être considérée comme un discours de haine en France, car le but du discours de haine, qu'il soit public ou privé, est d'inciter les personnes et les groupes de personnes à la haine, à la violence ou à la discrimination. Par conséquent, il peut constituer une violation des droits de l’Homme et être puni en vertu de la loi française, bien qu'il soit moins sévèrement puni que le discours de haine public. Le discours de haine est considéré comme public s'il peut être lu ou entendu par plusieurs personnes sans qu'il y ait de lien entre elles, comme les commentaires faits dans la rue ou sur un média social public, etc. Le discours de haine est considéré comme privé s'il n'a été lu ou entendu que par quelques personnes connectées entre elles : sur un média social réservé à quelques amis, lors d'une réunion professionnelle, etc. Sur les médias sociaux, un message est considéré comme public s'il est accessible à d'autres personnes que les "amis" de l'utilisateur ; dans le cas contraire, il est considéré comme privé.
En outre, s'il n'est pas contrôlé, le discours de haine exprimé en privé se répercute dans la sphère publique, incitant à de nouvelles tensions et à d'autres formes de discrimination illégale et d'abus. L'État doit donc s'efforcer d'assurer une éducation appropriée sur les dommages causés par les discours de haine et la discrimination.
Discours de haine exprimé publiquement
Les propos haineux exprimés publiquement sont considérés comme très graves et punissables. La loi française sur la liberté de la presse permet de sanctionner les discours de haine par une amende, la privation de certains droits civiques ou la privation de liberté. Pour que l'infraction soit considérée comme un discours de haine, elle doit correspondre à la description du discours de haine décrite dans l'article 24 de la loi sur la liberté de la presse. De même, en France, l'apologie publique, la négation, l'acquittement ou la banalisation grossière de génocides, de crimes de guerre et de crimes contre la paix et l'humanité reconnus par une juridiction internationale ou française sont considérés comme des discours de haine punissables.
Le discours de haine peut prendre différentes formes et peut être diffusé non seulement dans la "vie réelle", mais aussi sur internet. Il peut être classé dans différentes catégories. Par exemple, il s'agit des discours de haine incitant à la haine religieuse ou raciale, des discours de haine incitant à la discrimination envers des personnes en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle, des discours de haine faisant l'apologie des crimes de guerre, provoquant des personnes à commettre des crimes tels que des meurtres ou des agressions sexuelles, etc. Tous ces types d'incitation à la haine sont sanctionnés par la loi française.
exemple Un groupe de personnes a tenu une réunion publique non autorisée près d'une église locale et a proféré des insultes à l'encontre des chrétiens.
Discours de haine en ligne
Le discours haineux en ligne est davantage toléré que le discours haineux exprimé "hors ligne", c'est-à-dire dans la vie réelle, et il est malheureusement plus difficile à contrôler. Il est également plus facile pour les utilisateurs d'être abusifs en ligne que hors ligne. Le discours de haine en ligne est propagé et amplifié par la sous-estimation de ses effets et par l'idée que les utilisateurs d'Internet jouissent d'une certaine impunité ou sont protégés par l'anonymat. Ce raisonnement est toutefois erroné, car les autorités publiques mettent également en œuvre les mesures nécessaires pour lutter contre les discours de haine diffusés en ligne.
exemple Plusieurs internautes ont publié des commentaires haineux sous un article concernant le mariage d'un couple gay et l'adoption d'un enfant. Les internautes ont ensuite été jugés et reconnus coupables d'incitation à la haine.
La plupart du temps, le discours de haine en ligne sera considéré comme équivalent au discours de haine exprimé "hors ligne", c'est-à-dire dans la vie réelle, et les utilisateurs qui diffusent le discours de haine peuvent être tenus pour responsables.
En raison du fonctionnement d'Internet, les plateformes et les portails qui créent les conditions propices à la diffusion de propos haineux et ne suppriment pas les commentaires qui les contiennent en temps utile peuvent être tenus pour responsables également.
exemple Un site d'information s'est vu infliger des amendes parce qu'il n'a pris aucune mesure après avoir reçu des rapports faisant état de commentaires haineux sous des articles publiés sur le portail d'information au sujet des Juifs.
Le déni, la banalisation, l'apologie et la glorification
L'Etat a la responsabilité de sanctionner toute apologie, négation, banalisation grossière ou glorification publique intentionnelle des crimes de génocide, des crimes contre l'humanité, des crimes de réduction en esclavage et des crimes de guerre dirigés contre un groupe de personnes ou des membres d'un tel groupe, lorsque ces crimes ont donné lieu à une condamnation par une juridiction française ou internationale.
exemple Lors d'une interview télévisée, une personne affirme que l'Holocauste n'a entraîné la mort que de quelques juifs et non de millions, contestant ainsi l'existence de ce crime.